De la fatigue d’une vie à un projet de vie.

J’ai mis 3 ans à soigner 30 ans de fatigue.

Depuis petite, j’ai toujours énormément dormi.

En primaire, on me réveillait à midi tous les mercredis et samedis matins pour que je sorte du lit.

Au collège, j’étais déjà adepte du snooze pendant une heure avant de devoir me lever.

Au lycée, j’avais la boule au ventre tous les matins quand j’entendais mon réveil sonner.

En école d’ingénieur, je faisais la fête, j’avais 3 heures de transport par jour, donc autant dire que le moindre moment assise j’en profitais pour dormir : dans les transports (même parfois debout), en boite, en attendant le prochain cours. Mes week-end se résumaient à sortir, dormir, sortir, dormir.

Dans les transports, à chaque fois que je prenais l’avion je m’endormais avant le décollage et me réveillais après l’atterrissage, dès que je montais en voiture dans les 5 minutes qui suivaient je m’endormais, j’étais la pire des co-pilotes.

Au travail, j’ai commencé sur le chantier, c’était fatiguant, puis j’avais réduit ma charge de travail en changeant de postes, mais j’étais toujours autant fatiguée : manque de motivation ? manque d’entrain ? Je n’en savais rien, mais c’était toujours le même enfer au réveil.

Toute ma vie j’étais fatiguée, mais il y avait toujours une excuse externe à la fatigue.

Pour autant, j’ai toujours été une personne paraissant en société comme dynamique, motivée, pleine d’entrain. Que ce soit dans la sphère personnelle ou professionnelle, j’ai toujours été motivée pour tout, à mettre 150% de mon énergie dans ce que je faisais. Impossible de deviner l’envers du décors derrière cette personne si active. Je compensais cette dette d’énergie par une suractivité pour ne jamais avoir de temps off (#Vu mon #enneatype7 en flagrant délit #ennéagramme).

Parce que avoir un temps off, c’est devoir faire le choix entre vivre ou aller dormir. Bien évidemment je fuyais dormir. Pendant mes 32 premières années, je n’ai jamais appris à prendre du temps pour moi. À la question “ Qu’est-ce que tu aimes faire quand tu t’ennuies ? ” je répondais “ je ne m’ennuie jamais puisque dès que je suis toute seule je dors.”. Une psychothérapeute m’avait dit “Je ne vois pas le problème, des personnes aiment lire, jardiner, vous vous préférez dormir”. Ah. Oui j’avoue que ça m’a permis de déculpabiliser sur mes siestes de 3 heures après m’être levée à midi pour me recoucher à 22H00 les samedis où je n’avais rien prévu comme impératifs.

Petit à petit, je stressais quand je sortais le soir, vers 23h j’avais une boule au ventre parce que le lendemain je devais me lever pour bosser ( oui bah comme tout le monde quoi ) et que mon réveil le lendemain serait de la torture.

Jusqu’au jour où je commence à m’endormir en voiture. Au départ sur des trajets d’une heure : je devais faire une pause pour faire une sieste, puis sur des trajets courts. Lutter pour ne pas s’endormir sur un trajet de 10 km, non ce n’est vraiment pas normal et c’est dangereux. Lucky me, il ne m’est jamais rien arrivée ! Merci mes anges gardiens !

Et c’est là qu’une amie me parle de l’hypersomnie. Je me souviens être au téléphone avec elle, elle décrivait ses symptômes, et je me reconnaissais en tout point : Ce brouillard incessant sur la tête (pour ceux et celles qui ont la ref : l’ado dans la pub Grand-mère Café), ce besoin sans cesse de dormir, ces arrachements du sommeil invivables quand je faisais la sieste l’après-midi, l’énergie que ça me coutait de vivre en société à être présente, une fatigue qui n’était ni physique, ni mentale : j’avais tout le temps besoin de dormir car soit je ne dormais pas assez quand je mettais un réveil, soit quand je décidais de ne pas en mettre, je me levais après 14h de sommeil jamais bien réveillée, toujours dans cet état flottant, l’incompréhension totale de ceux qui me disaient “ une fois que je suis réveillé·e, c’est mort je ne peux plus me rendormir ” pour moi clairement, c’était de la mauvaise foi : “ben t’as juste à refermer les yeux et c’est tout” et enfin cet état dépressif à toujours préférer dormir que vivre - en termes de kiffance de la vie il y a quand même mieux comme témoignage.

Bref, j’avais enfin trouvé quelqu’un pour m’éclairer sur ce que je vivais, là où je voyais bien que j’avais un décalage avec mon entourage. Parce que tout le monde est fatigué, on vit dans une société ou être fatigué c’est normal, si tu n’es pas fatigué limite c’est toi le mec bizarre. Donc dans ma tête, moi aussi j’étais fatiguée, mais je voyais bien que y’avait un truc de différent des autres.

C’est alors que début 2020 je commence les démarches sur le combat contre la fatigue. Une démarche qui a durée 3 ans, en 7 grandes étapes.

1/ Mettre des mots sur ses maux.

Je comment une batterie de tests de santé, de prises de sang (ah oui, on avait toujours mis ma fatigue sur une anémie mineure), de tests à l’hôpital : d’ailleurs, c’est une sacrée expérience ces tests : force et courage si jamais tu dois les vivre un jour… Les résultats tombent : Sur l’ensemble des tests, sont considéré·e·s comme hypersomniaques ceux et celles qui dorment plus de 11h, et j’avais dormi 10h47. Je me souviens de ce que me disait la psychiatre : “Avec ce que vous me décrivez ça me chagrine quand même, j’ai envie de dire que vous êtes une longue dormeuse à tendance hypersomniaque”. Ouah. Quel soulagement, de réussir à avoir des mots sur ce que je vis. Je peux me la péter en soirée maintenant et me barrer à 22h à une soirée pourrie : “déso les gars je dois y aller, j’suis hypersomniaque”. Blague à part, le bien fou que ça fait psychologiquement de se dire que ce qu’on vit, ça existe, c’est documenté et il y a des solutions pour ça ! Déjà ça permet de faire une grand step dans le chemin de guérison.

2/ Une vie sans réveil, ça donnerait quoi ?

Merci le confinement ! J’ai pu tester pendant 3 mois le fait de dormir tous les jours à la même heure et sans mettre de réveil. J’avais eu la chance de dormir dans des conditions assez optimales pour mon test : dans le noir complet, dans une cave avec très peu de bruits extérieurs. Seul le mal de dos que me provoquait la position allongée pendant trop longtemps me réveillait (Comme dit Major Mouvement : La meilleure position c’est la prochaine ! Ouais ben quand tu dors c’est pas facile à appliquer comme conseil). Au début c’était le désastre, puis petit à petit, un rythme apparait : je me réveille naturellement au bout de 9H30 de sommeil. Bingo, j’ai trouvé le nombre d’heures dont j’ai besoin pour ne pas être en carence de sommeil. Assez compliqué s’il faut se coucher à 21h30 quand je dois me lever à 7h00. Autant dire que je ne le respecte jamais.

3/ Une solution de secours toujours à disposition.

Suite à mes tests à l’hôpital, on me prescrit des médicaments. Des médicaments qui permettent de combler le manque de sommeil. Mais comme chacun réagit différemment aux médicaments, il faut faire des essais. Je commence avec 1 comprimé par jour. Je comprends tout de suite que cette dose était trop forte pour moi. Je sentais mon cerveau travailler. J’avais vraiment la sensation d’avoir une usine dans la tête. Et même pendant que je dormais je sentais mon cerveau continuer à travailler. C’était à la fois impressionnant et flippant en même temps. Mais pour la première fois de ma vie, après 30 ans, je comprends ce que ça veut dire “ je suis réveillée ” Damn ! Je n’ai plus ce nuage sur la tête !! Mais en fait, qu’est-ce que c’est facile de vivre sans faire d’efforts pour être éveillée !! Ok guys, je comprends enfin le fameux “ impossible de rester au lit une fois réveillée” sorry pour ce jugement ! Je réduis petit à petit les doses pour valider que ma dose optimale c’est 1/3 de comprimé. Je ne prends que très rarement ces comprimés, car j’ai développé toute ma vie un mode de vie sans médicament, ça aurait été dommage d’en devenir dépendante. En revanche, ils m’aidaient psychologiquement parlant à surmonter les périodes très intenses : en cas de besoin je sais que c’est à ma disposition et ça me rassure. Finalement en 3 ans j’en ai très très peu pris.

4/ Une vie excitante sans excitant.

Janvier 2021. Je décide de faire un nettoyage de mon corps. Un reset. Je pars pour 5 jours de jeûne. Le truc que je n’avais pas calculé c’est que 5 jours de jeûne c’est minimum 10 jours sans café ni thé. Ah. Ça fait 20 ans que je prends plusieurs cafés par jour - sauf le weekend. Et là on me dit qu’il va falloir que je me sèvre du café et du thé ? C’est chaud. En fait pas tant que ça. Les premiers jours ont été compliqué, mais ensuite c’était comme si c’était normal. Même qu’après mon jeûn, je n’ai pas repris. Quitte à travailler sur sa fatigue, autant supprimer tout excitant. C’est comme ça que j’ai fait du café mon autre bouée de secours pour les journées où j’ai peu dormi la nuit et que j’ai besoin d’être au taquet. Mais le problème c’est que j’aime le goût du café. Du coup, depuis ce jeûne, je suis devenue la nana relou qui, quand elle va boire un verre, demande si le déca est décaféiné au solvant pour le refuser sinon qui prend une tisane à 16 heures quand les autres sont à la bière ( oui parce qu’en plus je ne bois plus d’alcool ).

5/ Mieux dormir seul·e que mal acompagné·e

Septembre 2021. Les événements de la vie font que je me retrouve à dormir seule pour une bonne période. Les études montrent que la qualité du sommeil augmente avec un bon matelas et surtout lorsque l’on dort seul ( +30 % de qualité de sommeil, ce n’est pas négligeable !). Pour avoir été contrainte à l’expérimenter, je confirme. Lorsque j’ai pu dormir seule et à mon rythme, sans avoir des horaires de boulot, ma fatigue a carrément changé. Je sens que je ne suis plus en dette de sommeil. Je ne stresse plus le soir de me coucher tard. J’ai l’impression là d’avoir fait un grand pas dans ma guérison.

6/ L’état dépressif : un terrain fertile à l’hypersomnie.

Novembre 2022. Je fais ma première retraite spirituelle. Les rituels psychomagiques ont eu un effet inconsidérable sur moi. Arrivée sans le savoir avec un coeur brisé en mille morceaux, je soigne en 4 jours une blessure d’un manque d’amour depuis toujours. Au-delà de l’effet kinstugi sur mon coeur, je mets des mots sur 32 ans de mode de fonctionnement : J’ai vécu pendant toutes ces années dans un état dépressif. Je ne dis pas que je suis en dépression ni dépressive, là n’est pas mon auto-diagnostic, mais je mets les vrais mots sur ce que voulait dire cette phrase que j’avais toujours eu au fond de moi et qui me semblait tellement naturelle “ je préfère dormir que de vivre ”. Et cette retraite a été salvatrice pour ça : c’est lorsque je me suis barrée de mon rituel en pleurant et que j’ai verbalisé les mots à voix haute : “mon problème, je sais où il est mon problème, c’est que je vis dans un état dépressif depuis toujours” et c’est à la prononciation de cette phrase que mon rituel psychomagique s’est opéré. Je me libère à ce moment là de cet état. C’est avec beaucoup d’émotions que j’écris ce paragraphe, car c’est en l’écrivant 7 mois après la retraite, que je le réalise : j’ai commencé à me libérer de cet état dépressif à cet instant.

7/ Revivre sa naissance à chaque réveil.

Après tout ça, il me restait encore une dernière chose à régler. Malgré la fatigue qui n’était plus trop un sujet, il restait encore un problème qui restait en moi : chaque réveil restait un calvaire. À la seconde où mon réveil sonne, si on me proposait une pilule pour continuer à dormir pour le reste de ma vie, autrement dit, mourir, c’est avec peu de fierté que j’avoue que je pense prendre cette pilule. Me réveiller tous les matins était d’une telle douleur physique que j’avais la sensation de qu’on m’arrachait du sommeil pour me remettre à la vie. Heureusement que mon coeur plein d’amour et ma tête pleine de projets prenaient le dessus quelques secondes après pour me dire de me lever. Bon avouons-le c’est surtout l’urgence d’arriver en retard à mon premier RDV. J’avais développé ce stratagème de m’imposer une réunion tous les matins à 9H30 pour être sure d’avoir une matinée pour bosser.

Comment j’ai identifié la source de ce problème ? Attention c’est là que ça devient un peu perché.

C’est grâce aux nombreuses thérapies que j’ai pu tester : TOUS les thérapeutes en médecines dites alternatives m’ont posé la même question : qu’est-ce qu’il s’est passé lors de votre naissance ? J’ai demandé à ma mère, elle ne sait pas me répondre. Apparement, il a y quelque chose de fort qui apparait chez moi qui se serait passé à ma naissance. Et c’est en creusant avec ma psychanalyste ( et un chaman m’en a parlé lors d’un soin sans que je lui évoque quoique ce soit ) : j’ai eu ce dilemme au moment de ma naissance de choisir entre vivre ou non, et ma décision d’avoir choisi la vie n’a pas été très bien vécue, de telle sorte que je “revivais” cette naissance tous les matins.

Sachant ça, comment je me suis libérée de cette décision douloureuse que je revivais tous les matins ? Là on se perche un cran plus haut : 2 expériences m’ont changé la vie.

J’ai revécu lors d’un breathwork, ma naissance : une naissance en pleine conscience cette fois-ci. J’ai revécu les sensations physiques dans mon corps, cette souffrance, cette douleur de choisir face à ce dilemme à m’incarner dans ce monde ou pas. Mais cette fois je l’ai fait en conscience en me disant “ si tu choisis de vivre, dans ce cas, ta vie tu l’honores. ” Et c’est reprogrammée dans ce mindset que j’ai expulsé cet état dépressif de mon quotidien.

Ensuite, je suis allée voir un magnétiseur, pas n’importe lequel, la crème de la crème de ma petite expérience, mon formateur. En une séance il a fait le job. En une séance il a dégommé cette souffrance de me réveiller tous les matins, cette douleur que je vivais tous les matins depuis 12 000 matins. Il suffisait de me programmer cette compétence : que de se réveiller le matin c’est normal et naturel. Ça parait si simple dit comme ça.

Et aujourd’hui, qu’en est-il ?

Il m’arrive de faire des insomnies quand je fais des siestes l’après-midi. Bien qu’elles soient rares, il m’arrive encore d’en faire. Effectivement, j’ai toujours besoin de beaucoup de sommeil, et j’ai toujours du mal à faire des minis siestes : j’aime les siestes qui se comptent en heures. Du coup, je le paye le soir. Mais j’accepte l’insomnie en l’accueillant et me disant que même si je ne m’endors pas, mon corps se repose et que dans tous les cas il sera assez fort pour me soutenir le lendemain. Et entre nous, les études ont montré que lorsqu’on fait une insomnie, on dort quand même, c’est juste qu’on ne s’en souvient pas car on se focalise sur les moments éveillés.

Il m’arrive d’avoir des périodes d’hypersomnie quand je ne suis pas au top de mon moral. Et dans ce cas je l’accepte, je l’accueille et je l’écoute. Je dors tant que j’en ai besoin jusqu’à ce que ça passe, sans culpabiliser. Et comme j’ai la capacité de différencier la fatigue normale d’un manque de sommeil de la fatigue du sommeil hypersomniaque, je sais parfaitement dès que la crise est terminée. La dernière a durée une semaine. Je dormais 15-16heures par jour, jusqu’au samedi après-midi, au moment où je me réveille de ma sieste et je me dis “ ok c’est bon c’est terminé, je me sens éveillée.” Et le lendemain je n’avais plus sommeil à 8H30 alors que je m’étais couchée à 2h30 du mat’.

Aujourd’hui, je sais écouter mon énergie, je sais la puiser, l’épuiser et la régénérer : l’énergie est cyclique si je sais l’identifier.

Aujourd’hui, je me remercie d’avoir travaillé sur moi, d’avoir osé toutes ces thérapies.

Aujourd’hui, j’honore cette décision que j’ai pris d’avoir choisi de m’incarner.

Aujourd’hui, je n’ai plus peur d’être fatiguée, je n’ai plus peur d’avoir des périodes intenses de vie.

Aujourd’hui, c’est cette histoire qui me donne l’énergie de construire mon projet de vie : ouvrir ce tiers-lieux et accompagner les personnes à travailler sur soi pour vivre une vie plus juste - Rendez-Vous en Avril 2030.

Alors si tu as envie d’être plus aligné·e dans ta vie, je t’invite à prendre soin de toi, je te jure que ça vaut le coup 😘

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